six cent treize kilomètres + douze heures quarante minutes = cent trente trois images

   

Embarquer dans le train pour New York Penn Station. Quitter Montréal par une journée humide où la neige fond, se mêle à la boue. Etre captivée par le paysage qui défile. Zones industrielles, Five Roses, le St Laurent, puis la banlieue qui semble sans fin. Toutes ses maisons identiques alignées le long de la voie ferrée. Elles ont toutes une piscine qui mange la quasi-totalité du jardin. On a beau savoir que l'été va revenir un jour, on a du mal à imaginer qu'elles puissent servir à un autre moment de l'année.




Manger toutes ces dattes pensant qu'on va me demander de les jeter pour entrer aux Etats-Unis d'Amérique. Datte, amande, datte, amande, le sucre de l'une compense bien la sécheresse de l'autre. Finalement personne ne me demande si j'ai de la nourriture, que j'ai pourtant déclarée. Avoir des problèmes pour se faire comprendre avec le mot "island". "You're going to Iceland ?" "No St John Island, virgin island" Changer d'interlocuteur. "But she speaks perfect english ! Why can't you understand her ?" Ah merci de reconnaître que votre collègue ne fait pas d'effort ! Passer la frontière et avoir un nouveau tampon dans mon passeport. 



Traverser des paysages à la Moonrise Kingdom mais sous la neige. Trouver ça fuckin' beautiful. Longer le lac Champlain qui semble iiiimmense. Rester arrêté en pleine voie à cause de dommages causés par une pierre (si j'ai bien compris). Se demander si le train arrivera à l'heure. Imaginer Léa, m'attendant toute seule dans la grande gare. Ne pas se lasser du paysage qui défile, si changeant. Forêt, lac, champ, granges, sillots à grain, neige, glace fondue, nuages bas, quelques rayons de soleil. Prendre une centaine de photos. De l'art de la photographie à partir un véhicule en mouvement. Cadrer de façon à, au choix, voir ou ne pas voir l'encadrement de la fenêtre. Mitrailler de façon à avoir au final une photo sans obstacle de premier plan, type arbre, poteau électrique, ect. Et surtout être réactif, car le plus souvent "oh c'est joli ça ! oh c'est passé." 



Aller à la voiture bar pour passer le temps et parce qu'il y a le wifi. Prendre un sandwich pas terrible à huit dollars. Revenir après pour un coffee dans un grand gobelet, que je ne parviens jamais à finir avant qu'il soit froid. Essayer de communiquer avec Léa mais galérer avec la connexion aléatoire. Se dire qu'on viendrait bien là en été. Ca semble si parfait tous ces chalets bordant les lacs. 



Puis en avoir marre une fois la nuit tombée. Autant je n'ai pas vu passer les six premières heures de jour à regarder dehors et à prendre des images. Mais les cinq heures de nuit additionnées aux deux heures de retard sont passées un peu plus difficilement. Treize heures au total pour parcourir les six cent treize kilomètres

1 commentaire:

  1. heureuse d'avoir tes impressions de ce long voyage en train. depuis tu as passé d'autres frontières . j'attend la suite avec impatience

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