Ma vie s'organise entre le job et la coloc. Un petit rythme qui me va bien. Il me reste une semaine
de boulot et une dizaine de jours au Mont Garnier. J'ai à la fois hâte
d'aller voir comment c'est ailleurs et un pincement au cœur de les
quitter au moment où les beaux jours arrivent et où j'entrevois
comme ça aurait pu être l'été avec eux, à faire des barbeuks dans la
cour, à traîner, à jouer au ballon, à écouter de la musique, à boire des
bières, à cuisiner des bons plats, à niaiser, à discuter toujours.
J'aime Montréal. C'est une ville brute. Je la trouve belle. Ses maisons en brique qui dépassent rarement deux étages. Ses escaliers extérieurs, qui frôlent l'absurdité en hiver mais qui lui confèrent tellement de charme. La façon dont les habitants s'approprient le trottoir devant chez eux. Ses rues toutes droites et perpendiculaires. Une autre façon de concevoir et de vivre l'espace. J'aime marcher dans ses rues et dans ses contre-allées. Je me suis habituée à ses rues si larges, toujours bordées d'arbres. Je la compare à ma ville que je vais, je le sais d'avance, trouver étriquée, tassée, étouffante. Ici à Montréal, tout le monde a un extérieur, au moins un balcon ou un pas de porte. Il y a des escaliers en avant et en arrière, toujours. Toutes les maisons ont la même orientation est-ouest. La nôtre a du soleil dans la cour jusqu'en début d'après-midi, ensuite il faut passer à l'avant. Mais la rue me paraît si calme que je m'asseois volontiers sur le perron. Je découvre le monde des ruelles décrit par Michel Tremblay, quand les voisins sortent sur leurs balcons ou dans leurs cours et qu'on ne peut faire autrement que de s'observer.
L'un des sons du Mont-Garnier