N.Y., jour premier.


Retrouver L. à la gare. Ne pas vraiment réaliser que c'est elle là, juste là. Compter depuis combien de temps on ne s'est pas vu. L'été. Six mois. Quand même. La suivre dans les couloirs de métro. Se souvenir comme les transports new-yorkais sont complexes pour les personnes non aguerries. Parler. Dire des banalités. Mais les dire à L. Check in à l'auberge. Déposer ce sac si lourd. Qu'as-t-on bien pu mettre dedans ?! La suivre dans Brooklyn à un concert plus qu'alternatif dans un bar encore en gestation. Avoir faim. Retrouver J. Se demander si notre présence l'ennuie, l'indiffère ou lui fait plaisir. Trouver le son beaucoup trop fort. Aller boire une bière. Oublier sa faim. Se donner rendez-vous pour le lendemain. 


Prendre le ferry pour Staten Island. Regarder la liberté. Mais parler surtout. Aura-t-on assez de trois jours pour se raconter les six mois passés dans des pays différents. Et parler de nos projets. De nos réflexions, de l'avancement des choses. De ce qu'on veut, de ce qu'on ne veut pas ou plus. De ce qu'on ne sait pas. Des doutes. Parler des garçons, des villes, de là où l'on veut vivre, de là où l'on se sent chez soi, du travail, de ce qu'on pense faire dans les mois à venir, des gens que l'on connaît, d'où ils en sont eux, de notre avis là-dessus. Reprendre le ferry en sens inverse. S'asseoir, ne plus regarder. Les vitres sont trop sales n'importe comment. Puis on connaît en fait. La liberté.





Se dire qu'on est pas loin de Ground Zero et que ça pourrait être intéressant d'aller voir. Juste voir. Pour se faire une idée. Passer autant de contrôles que si on allait prendre l'avion. Pour voir deux fontaines à la base des défuntes tours. Trouver l'endroit plutôt réussi. Faire des blagues de mauvais goût. Ne pas ressentir d'émotions. Ne pas vraiment avoir d'avis. Se dire que c'est bien pour les proches des victimes et pour l'Amérique traumatisée. Mais relativiser. Sur le patriotisme et l'ampleur de la chose. Relativiser par rapport au reste du monde. 




Froid. Faim. Fatigue. Retraverser le fleuve. Se retenir pour ne pas tout acheter dans la supérette. Se décider pour des makis à l'avocat et des brownies chocolat peanut butter. Se réfugier chez Jordan. Aimer l'espace avec ces trois fenêtres et le lit devant l'une d'elle. Pisser devant la vue sur Brooklyn. Revoir ce garçon rencontré il y a un an à Berlin. Les écouter jouer de la guitare. Regarder Léa cuisiner. Parler rapidement avec Maman et Hugo sur Skype. Se trouver malpolie vis-à-vis des gens présents dans la pièce. Recevoir tous les présents apportés par Léa. Shampoing, chocolat et cadeau d'anniversaire des filles, mignonnes. Quitter ce garçon en se donnant rendez-vous en janvier prochain dans une autre ville. Rencontrer Jessica. Etre décontenancée par son énergie puis la trouver marrante. Essayer d'aller voir un concert sold out, sans y croire. Boire une bière à la place. 




Finir la soirée dans cet endroit magique. Une longue table à laquelle tout le monde s'asseoit pour écouter les groupes qui jouent juste là au bout. Etre surprise par la générosité de Jessica qui m'invite. "You don't have to." "I like you !" Faire les idiotes. Etre un peu ivre. Ricaner comme des adolescentes. Ne pas prêter trop attention aux regards nous signifiant qu'on est bruyante. 



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