Retrouver la neige


Retrouver Montréal. Entendre l'accent québécois en montant dans le bus de l'aéroport et sourire.  Retrouver les gens. Retrouver les noms. Berri Uqam, Sherbrooke, Lionel Groux, Mont-Royal, Fabre, Tim Hortons, Jean Coutu, Iga, Stm, etc. Retrouver le plaisir de faire des courses en prévoyant de se préparer quelque chose de bon à manger. Craquer pour du fromage de chèvre (je vous ai dit que la buchette de chèvre industrielle coûtait autour de huit dollars ici ?) Se remettre à boire des boissons chaudes du matin au soir. Retrouver la sensation de froid. La neige qui tombe et qui fond sur la peau, comme une pluie glacée. La neige qui mouille tout. Retrouver ses vêtements d'hiver. S'emmitouffler dans des matières chaudes. Avoir oublié ce que c'était que de se couvrir des pieds à la tête. Trouver le contraste de ma peau bronzée un peu ridicule sous ma parka à capuche. Descendre plus tôt du bus pour voir le parc Lafontaine sous la neige. Avoir oublié ce que c'est de marcher dans la neige.


Dernier jour au soleil

Mon séjour ici est passé à toute vitesse. J'ai complètement perdu la notion du temps. Et j'ai du mal à imaginer que ça puisse être encore l'hiver quelque part. Le changement de température va être moins marrant dans ce sens-là. J'espère avoir emmagasiné assez de soleil et de chaleur pour tenir jusqu'au retour des beaux jours.

se balancer

ce plaisir-là

les 8 tuff miles

l'arrivée vue du chemin

les coureurs : Tony, 81 ans, Jessica et Samuel, 42 ans.

ce coucher de soleil

ces sandales

ce bateau

ce sable

ces couleurs

une ruine

haut perchée

une expérience

la trace des enfants

des bêtes effrayantes

une course de Bernard

ce que la préhistoire nous a laissé

à couper le souffle

ces jeux-

le prix à payer pour être restés dans l'eau jusqu'à la dernière minute












L'île.

Soleil, chaleur, lézarder. Penser à des choses mais pas trop. Laisser passer les jours qui se ressemblent tous. Petit-déjeuner sur la terrasse. Regarder ses mails. Trainer un peu sur internet. Mettre son maillot. S'étaler de la crème. Chauffer au soleil. Se rafraichir dans le jacuzzi. Admirer la vue. Déjeuner. Prendre le chemin de la plage, en voiture ou en bus ou à pied. S'étaler dans le sable. Se baigner. Craindre de marcher sur un oursin ou autre chose de douloureux. Mettre le masque. Nager avec des poissons jolis. Voir une raie et faire demi-tour. C'est assez pour aujourd'hui. Marcher un peu sur la plage. Retourner s'étaler sur sa serviette. Retourner se mouiller. Faire la planche. Revenir sécher. Lire sans conviction. Poser des questions sur la famille de V. Essayer de se repérer dans les oncles, tantes, frères et sœurs, cousins. Reprendre le bus ou la voiture. Se doucher pour enlever le sable et le sel. Se crémer. Produit anti-moutisque qui ne semble pas faire effet. Dîner. Lire. Jouer à un jeu. Tricoter. Fin de la journée type.












Quand on me demande comment ça va, je réponds qu'il faudrait vraiment être de mauvaise volonté pour aller mal ici. 

Coney island, jour troisième.


















Le troisième jour, retrouver L. à notre point de rendez-vous. Avec donuts et café. Manger ça dans la rame pour Coney Island telles de vraies américaines. Sauf qu'on parle français et qu'on regarde tout le temps dehors. Prendre cent-vingt photos pour rattraper la frustration de la veille. Passer l'après-midi sur le front de mer. Marcher dans le sable. S'amuser des gens qui viennent là photographier toutes sortes de mise en scène. Parler encore. De nos familles, de nos histoires, de nos relations. Déjeuner dans le seul restaurant ouvert. Un cheeseburger bien graisseux. Apprécier la lumière en fin d'après-midi. Puis rentrer. Acheter des M&M's sur le chemin. Essayer des robes en pensant au mariage. Les remettre sur les cintres car elles ne sont pas parfaites. Rejoindre les amis de J. pour regarder le Super Bowl. Passer une soirée de garçon. Ne rien comprendre aux règles. Boire de la bière et manger du chili.