Ca chille

Cette fin de semaine, visite à la cabane à sucre. Tout le monde en parle (ici). C'est le truc à faire en mars, avril. La sève monte. C'est le moment où l'on récupère l'eau de l'érable pour en faire du sirop. C'est aussi une occasion comme une autre de se retrouver en famille ou entre amis pour manger à s'en faire péter la panse. On parlait d'aller marcher dans les bois. Je m'imaginais un chalet perdu dans la forêt. Quelques tables, un feu de cheminée et une ambiance bien cosy. Pas du tout. Je l'ai vite compris en arrivant. Quelques centaines de voitures parquées au bord de la route et quelques "cabanes" à la suite les unes des autres. 



Ca commence par un gros line up d'une heure pendant laquelle on a le temps d'aiguiser son appétit. Surtout si sur les conseils des Québécois, on n'a rien pris au petit dèj. On patiente en goûtant en catimini le Sortilège apporté par l'un des colocs, whisky aromatisé à l'érable si je ne dis pas de niaiseries. Admirez la déco pas kitsch pour un sous, ambiancée avec de la musique de kermesse. 

La formule c'est vingt dollars : jambon, lards, beans et omelette à volonté, tout ça arrosé de sirop d'érable. Ils apportent d'abord le pain et le creton (sorte de rillettes) pour qu'on se jette dessus et qu'on mange moins ensuite. On a beau le savoir, c'est dur de résister. S'en suit la soupe de pois (berk). Enfin arrivent le jambon, l'omelette et les oreilles de crisse (croustilles de lard). On s'en fout plein le bide. Et vas-y que je rajoute du sirop partout. Même pour sucrer mon café.


Ewok et son frère sans un combat sans merci pour terminer les plats.




Bon j'ai l'air de me plaindre comme ça, mais c'était quand même bien le fun. Simplement je n'imaginais pas ça de même. Pour la cabane au fond des bois, on repassera. C'est une belle façon de finir l'hiver en mangeant plein de trucs gras et sucrés une bonne fois pour toutes et se dire que c'est la dernière. 

Une toune pour vous mettre dans l'ambiance.  
Mon coloc chantait ça dans la voiture. (Si vous voulez juste les paroles, allez directement à 4 minutes.)

 

Et ce soir, espoir, avait comme un avant-goût de p...  Chut, je me tais avant que ça porte la poisse.



C'est le printemps. Du moins c'est ce qu'on m'a dit.

J'avais bon espoir la semaine dernière en voyant la neige fondre et les températures grimper doucement. 


 Seulement voilà...


Si j'en crois mes correspondant en Europe, c'est pas plus brillant chez vous. Ca me console un peu.  Puis tous les Québécois disent que c'est la dernière neige de l'année.  La marde blanche. Qu'elle tombe en masse pour nous faire des adieux dignes de ce nom, pour qu'on savoure vraiment les beaux jours quand ils seront là. Toujours est-il qu'en regardant la neige tomber au petit-dèj, on était un peu découragé avec mon coloc français. On a regardé notre coloc québécois, élagueur de sa profession, s'habiller pour sa journée à l'extérieur. "A ta place, j'aurais juste envie d'aller me recoucher." "Voyons donc, il fait pas si froid, puis c'est de la belle neige. C'est ben plus beau que le gris de la semaine passée. Ca embellit la ville." "Ok, prenons le comme ça." Bon en même temps il projette d'aller vivre en Gaspésie, belle région du Québec, où il peut geler de septembre à mai. J'y réfléchirais à deux fois avant de m'installer dans une région où tu as trois mois assurés sans neige...


Le bon point c'est que je peux aller travailler à pied. Pas besoin d'attendre un hypothétique bus. Seulement de prévoir un peu plus de temps parce que je suis lente quand je marche sur la neige. 





En bonus une photo de mon nouveau quotidien en tant que vendeuse de casseroles. Ce boulot, c'est la chance de ma vie ! Les connaisseuses sauront trouver le détail so parisien hype dans cette image...

L'amère à boire


Passer devant cette terrasse et se souvenir de mes premiers pas à Montréal. Du soleil. Rien à voir avec celui de ce dimanche après-midi, apprécié pour sa lumière mais toujours glacial. De la douceur de l'air cet été là. Du goût de la bière, forte, brute, caractérielle. De sa fraîcheur bienvenue après avoir marché depuis le parc Lafontaine. Des filles à mes côtés, assises juste à cet endroit. De la coïncidence et de la rencontre qui s'en suivit avec de savants Québécois. De l'ambiance de cette soirée d'été. Des passants probablement en sandales, jambes et bras nus. Du jazz partout dans les rues. Des souvenirs.



Un écureuil ne fait pas le printemps


Se réveiller un matin avec le soleil et une bonne nouvelle.


Se dire que ça va bien le laisser aller. De rester sous la couette à regarder des films et à manger du chocolat. Mettre son manteau et sortir. Marcher vite, loin. Aller plus à l'est qu'on ne l'a jamais été. Là où les rues deviennent des avenues avec des numéros et non plus des noms. Faire demi-tour à la seizième avenue.

Ecrire dans sa tête et regretter de ne pas avoir un dictaphone ou quelque chose pour enregistrer ces phrases qui se déroulent et se perdent au fil de mes pas. Essayer de retenir ça pour le mettre par écrit une fois rentrée. En garder quelques bribes.


Montréal est grise ces jours-ci. De la neige fondue, de la boue, de l'eau sale sur les trottoirs. Des tas de neige lourde et souillée. Mais qui fond l'air de rien. On n'y croyait pas mais ça va finir par arriver. Le printemps. Les rues vont être vertes à nouveau. Les températures s'adoucissent et les écureuils s'aventurent dehors.
Prendre les contre-allées encore enneigées. Faire attention parce que ça serait poche de se faire mal en glissant au mois de mars, alors que tous les trottoirs sont dégagés.


Penser en québécois. "C'est tu là Papineau ?" Non, non quand même je ne peux pas dire ça ! "ostie" "criss" "un boute" "fait que" "away" "fucké" "chiller" "viens t'en" "c'est l'fun". Mettre des "là" dans toutes mes phrases.


Avancer petit à petit, une chose après l'autre. Se concentrer sur la recherche de wwoofing maintenant qu'on a trouvé un boulot pour mars. Hésiter, regarder, lire les profils, relire et se lancer. Envoyer des demandes. On verra bien sur qui on tombe.

Bienvenue au Mont Garnier




Aimer la neige les premiers jours puis en avoir vite marre. Ca va, c'est bon l'hiver, t'as fait ton temps. On est en mars maintenant, faudrait songer à laisser la place à ton pote le printemps. Remballe ta neige, ton froid et laisse la végétation reprendre le dessus. Que j'ai le temps de profiter du jardin et du barbecue. Parait que l'année passée, ils ont fait des barbeucs en mars. 

Faute d'avoir trouver la chaleur de l'air extérieur, j'ai trouvé la chaleur de la vie en communauté. Vous pouvez apercevoir un bout de drap rouge, vestige du printemps érable et des manifs de l'année dernière. Ici on milite, on est anti-capitaliste, on recycle, on vit avec le chauffage à 16°c (thermostat à 10°c dans la pièce de vie), on fait les poubelles pour récupérer de la nourriture et on prône la décroissance. On a un téléphone fixe sur lequel les gens téléphonent vraiment et tirent le fil pour s'isoler (on n'a pas vu ça depuis 1998 ou depuis Sophie Marceau dans la boum). On cuisine à plusieurs et c'est plutôt sympa. On boit du thé dans la cuisine et on trouve toujours quelqu'un à qui parler. On aborde plein de sujets comme les violences policières, les étoiles de mer, la théorie de l'évolution, la bande dessinée, les hipsters, les différences France Québec, la perception des Français ici (il paraît qu'ils sont incapables d'avoir une conversation sans argumenter... Ne me demandez pas, je n'ai toujours pas saisi comment il peut en être autrement, mais apparement c'est un réflexe typiquement français), les voyages, ceux qu'on a fait, ceux qu'on voudrait faire, ce qu'on a besoin de se prouver à soi-même, les histoires des autres, qu'elles soient amoureuses, amicales, familiales, de nos cheminements, des choix qu'on a déjà fait, de ce qu'on veut pour la suite, de ce qu'on n'a pas encore décidé. Et ça ne fait pas encore une semaine que j'ai emménagé. Espérons qu'il reste des sujets de conversation.